L’analyse rétrospective de 900 000 dossiers médicaux électroniques a permis aux épidémiologistes britanniques d’identifier les cas de coup de chaleur survenus en 2016, et d’en rechercher les facteurs de risque. Ces cas restent évidemment saisonniers, et ont une létalité de l’ordre de 15 %, ce qui est relativement faible au regard d’autres études (mais là son pris en compte tous les coups de chaleur, même débutants). Le chow-chow paraît très nettement à risque (16 fois plus que le Labrador), mais ce sont surtout les races brachycéphales qui sont affectées… Avec le golden retriever, le lévrier et le springer anglais (Les golden retrievers, probablement en raison de l’épaisseur de leur robe, sont à risque significatif de coup de chaleur (x 2,7 par rapport aux Labrador), dans une étude rétrospective britannique sur plus de 900 000 consultations vétérinaires) Le (sur)poids est également un facteur de risque, à partir de 10 kg. L’âge intervient également, de manière croissante à partir de 2 ans. Quand à y voir un lien de causalité… (le vieux chien aura tendance à descendre moins souvent de la voiture). Le risque de coup de chaleur est d’autant plus élevé que l’animal est en surpoids, âgé et/ou brachycéphale. Les cliniciens et épidémiologistes vétérinaires britanniques continuent l’exploitation de la massive base de données VetCompass, qui partage (anonymement) les dossiers médicaux électroniques de 1 803 structures vétérinaires (30 % de celles de Grande-Bretagne), soit environ 15 millions d’animaux de compagnie. Ils se sont intéressés aux chiens arrivant en consultation avec un coup de chaleur, sur l’année 2016. Pendant la canicule La seule hypothèse de départ des auteurs est que «les chiens de races brachycéphales, et spécifiquement les bouledogues, seraient plus à risque» de coup de chaleur. Sur les 905 543  chiens dont les dossiers médicaux indiquaient au moins une consultation dans l’une des 883 structures ayant partagé leurs données pour 2016, il y en avait 1 222 dont l’examen individuel du dossier a fait suspecter l’occurrence d’un coup de chaleur. Ce qui a été confirmé pour 395 d’entre eux (sur 390 chiens car plusieurs chiens ont eu 2 épisodes sur la même année). Cela représente une faible incidence (0,04 % des motifs de consultation sur l’année). Sans surprise, 40 % de ces cas étaient rassemblés sur le mois du juillet, pendant lequel il y avait eu une canicule. 94,7 % des cas se distribuent de mai à septembre inclus ; aucun cas n’a été enregistré en octobre, décembre et février. Plus étonnants : 2 cas en novembre et 1 autre en janvier, sans autre commentaire des auteurs. Chaud le Chow-chow ! Pour ce qui est des races, les auteurs confirment leur hypothèse de départ, à une nuance près : la race la plus représentée est le chow-chow (0,50 % d’incidence), devant les bouledogues anglais (0,42 %) et français (0,18 %), ces derniers étant talonnés par les dogues de Bordeaux (0,17 %) et les lévriers (0,15 %). Prises ensemble, les races brachycéphales ont une incidence de coups de chaleur (0,08 %) nettement plus élevée que les dolicocéphales (0,04 %, qui est l’incidence moyenne) ou que les croisés issus de races brachycéphales (0,01 % mais peu de représentants). Dans leur modèle statistique, les auteurs identifient 9 races à sur-risque significatif de coup de chaleur : outre celles déjà citées (le chow-chow reste en tête avec un sur-risque x 16,2), il y a aussi les cavaliers King Charles, les carlins, les golden retrievers (mais pas les Labradors) et les springer anglais. Pour les golden (2,7 plus de risque que les Labrador), l’explication pourrait être l’épaisseur de la robe. Race, surpoids et âge Lorsqu’ils prennent en compte l’ensemble des variables disponibles (race, type de conformation crânienne, poids, âge, sexe, statut de stérilisation), les auteurs n’identifient au final (régression multivariée) que trois facteurs de sur-risque :la race, avec les 9 déjà mentionnées, mais aussi le fait qu’aucune race ne présente de facteur de protection (puisque le coup de chaleur est plus largement le fait du maître que du chien). Le fait d’appartenir à une race brachycéphale représente un sur-risque x 2,1 (par rapport à une race mésocéphale). Et quelle que soit la race, le fait d’être de race pure représente lui aussi un sur-risque significatif (x 1,86) par rapport aux croisés ; le surpoids, par rapport à un chien sous le poids adulte moyen de sa race, un chien au-dessus de cette moyenne présente 42 % de sur-risque de coup de chaleur. En revanche, indépendamment du surpoids et de la race, les chiens de plus de 10 kg ont un sur-risque de coup de chaleur, qui augmente avec leur poids. Ainsi, les chiens de 50 kg présentaient un sur-risque de x 3,4 par rapport à ceux pesant moins de 10 kg ; l’âge, par rapport à des chiens de moins de 2 ans, tous les auteurs âges sont en sur-risque, de manière croissante avec l’âge (2-4, 6-8 et >12 ans), mais avec un niveau de signification statistique qui n’est pas atteint pour toutes les classes d’âge. Les chiens de plus de 12 ans ont un sur-risque de 75 % par rapport aux plus jeunes. Ca va augmenter !Au total, 14,2 % des cas de coup de chaleur sont morts (les deux tiers par euthanasie), mais les auteurs n’ont pas exploré de facteurs de risques liés à la létalité du coup de chaleur. Ce chiffre est plus faible que ceux figurant dans d’autres études sur le sujet, mais les auteurs soulignent que leur recensement des cas prend en compte tous les motifs de consultation en lien avec un coup de chaleur, même en stade précoce, où le pronostic est logiquement meilleur. Mais, préviennent-ils, « comme le changement climatique accélère à la fois la fréquence et la sévérité des canicules, l’incidence et le taux de létalité des coups de chaleur va probablement augmenter chez les chiens » en pays tempérés.